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Inaugurés en juin 1926, les Quartiers Modernes Frugès incarnent l’approche expérimentale des architectes modernes. L’ambition du commanditaire, l’industriel sucrier girondin, Henry Frugès et la volonté de Le Corbusier et Pierre Jeanneret de transgresser les conventions et les savoir-faire de leur époque donnent naissance à un quartier à la fois avant-gardiste et intemporel, brisant les codes de leur temps. Art, progrès social, innovation constructive… Défi relevé !

Les débuts

Née d’une rencontre entre deux personnalités, Henry Frugès et Le Corbusier, la construction des Quartiers Modernes Frugès entre 1924 et 1926 est une véritable révolution.

C’est d’abord autour d’un lotissement ouvrier à Lège que nos deux protagonistes se rencontrent. Henry Frugès, à la lecture de la publication de Le Corbusier, Vers une architecture (1923), décide de missionner le jeune « architecte » pour construire quelques maisons pour les ouvriers de sa scierie. Charmé par le personnage et frappé par son esprit créateur, le sucrier girondin veut aller plus loin. Il acquiert à Pessac une vaste étendue de terrain. L’air pur qui fait la réputation du territoire, la proximité du terrain avec le chemin de fer moderne ainsi que la présence des deux cents ouvriers des Aciéries et Fonderies de Joseph Sarthoulet, font du site le lieu idéal pour construire « une cité laboratoire ».

“Pessac doit être un laboratoire…”

— Henry Frugès

Le projet initial des Quartiers Modernes

Penser la ville du futur

Avec une carte blanche presque totale, Le Corbusier et son cousin Pierre Jeanneret imaginent une utopie urbaine et proposent la vie de demain. Parfait équilibre entre les commodités de la ville et les bienfaits de la campagne, les Quartiers Modernes Frugès ont vocation à être un condensé de la modernité. 

Pouvant laisser libre cours à son imagination, le jeune architecte veut mettre en application sa théorie de la « construction en série ». Il veut standardiser les éléments architecturaux, sans pour autant en faire de même pour les logements. Partant de modules déclinables, il dessinera de nombreuses typologies de maisons ; les gratte-ciels, les quinconces, les zig-zags, les arcades, les jumelles et deux types de maisons isolées, petit et grand modèle. De cette manière, Le Corbusier expérimente également ce qu’il nomme les « cinq points de l’architecture moderne » : le plan libre, la façade libre, la fenêtre en longueur, le toit-terrasse et même le pilotis, ici suggéré. C’est également le seul de ses projets pour lequel l’architecte-peintre expérimente une polychromie extérieure totale.

La polychromie appartient à la grande architecture vivante de toujours et de demain […] J’ai toujours attaché la plus grande importance à la polychromie et j’ai cherché depuis des années à découvrir les fonctions naturelles de la couleur. Ces fonctions sont d’ordre physique et d’ordre sentimental : le rouge et le brun assurent la fixité du mur, le bleu et le vert éloignent le mur.

— Le Corbusier

Un échec…relatif

Malheureusement, le fossé entre la vision des architectes et les véritables possibilités, notamment techniques, de réalisation du projet était trop profond. De plus, le projet se heurta à l’incompréhension des édiles locaux qui lui « mirent des bâtons dans les rues » comme l’exprima plus tard Henry Frugès. Inaugurés en 1926, les Quartiers Modernes Frugès ne seront en fait construits qu’en partie et leurs maisons ne se vendront qu’à partir de 1929 suite à un amendement de la loi Loucheur sur le HBM, Habitat bon marché. 

Echec commercial peut-être, mais réussite pour le Mouvement Moderne. Véritable exemple de l’expérimentation de ces architectes, la Cité Frugès est aujourd’hui encore un lieu qui surprend et qui émeut par ses intentions et son avant-garde. Sa reconnaissance patrimoniale au niveau internationale en fait la démonstration.

Pessac vit, et la victoire est à nous !

— Le Corbusier

Podcasts : une cité laboratoire par Frugès et Le Corbusier

La Ville de Pessac vous propose un format inédit depuis l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’Œuvre architecturale de Le Corbusier, pour découvrir ou redécouvrir la Cité Frugès. Faites une expérience sonore sensible en 6 épisodes pour aborder tout ce qui fait des Quartiers Modernes Frugès un haut lieu de l’histoire de l’expérimentation architecturale, constructive et sociale et en apprécier toutes les subtilités.

Vous êtes futur visiteur qui prépare un séjour à Pessac, étudiant en architecture, curieux que la flânerie sur la toile aura conduit à cette série… Cette série est pour vous.
Tous les épisodes sont intégralement enregistrés à la Cité Frugès.

Réalisation

La réalisation a été confiée au studio Radio France :

  • Camille Juza : productrice pour Radio France, elle a produit de nombreuses émissions dédiées à l’architecture, à l’urbanisme et au design.
  • Lionel Quantin : Réalisateur pour Radio France, il participe à de nombreuses créations radiophoniques

La musique originale a elle été composée par Etienne Cimetière-Cano et Joachim Cuault.

Camille Juza : « …plutôt que de nous mettre dans la peau d’un élève qui pourrait écouter un cours d’histoire de l’architecture, cette série de podcast veut faire vivre à l’auditeur ce que nous aimons tous : avoir le privilège d’une promenade architecturale aux côtés de quelqu’un qui nous montre tout ce que nous ne savons pas voir. Car bien souvent, on n’y voit pas grand-chose au début, ou du moins, on ne voit pas tout. Ces podcasts, en suscitant des images mentales précises, en les mettant en rapport avec des sons, permettent de faire ressentir aux auditeurs les espaces si singuliers de la Cité. « 

Intervenants : les experts

Des experts choisis pour leur connaissance scientifique du site, à la fois historique, conceptuelle et technique :

  • Marie-Jeanne Dumont, architecte et historienne, professeure à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville, elle est membre du Comité des experts pour l’Œuvre architecturale Le Corbusier auprès de la Fondation Le Corbusier.
  • Gilles Ragot, historien, professeur à l’université de Bordeaux Montaigne il est le co-rédacteur de la Déclaration de Valeur Universelle Exceptionnelle de l’Œuvre de Le Corbusier inscrite sur la Liste du patrimoine mondial.
  • Paola Scaramuzza, architecte du Patrimoine, spécialiste de la conservation du patrimoine culturel XXème, depuis 2016, elle travaille à l’enrichissement de la connaissance relative aux Quartiers Modernes Frugès tant du point de vue du concept que de celui de la matérialité.

Intervenants : les témoins

  • Des habitants : leur expérience, leur façon de vivre un quartier et une maison pensés par Le Corbusier font des habitants des témoins privilégiés de ces podcasts. Avec Étienne Cimetière-Cano, Marc Dehousse, Vincent Donet, Cédrik Ferrero, Laurent Gardère, Katia Orsega
  • Des professionnels : participant aux travaux dans une maison en cours de restauration. Avec Constance Boy, Juliette Touton.

Podcasts : une cité laboratoire par Frugès et Le Corbusier

  • Podcast épisode 2 : Confort et gaité

  • Podcast épisode 3 : Standards

  • Podcast épisode 4 : Faillites

  • Podcast épisode 5 : Polychromie

  • Podcast épisode 6 : Habiter Frugès – 1ère partie

  • Podcast épisode 6 : Habiter Frugès – 2e partie