Un patrimoine reconnu

Inscription sur la Liste du patrimoine mondial, certification au titre des “Itinéraires Culturels du Conseil Culturel de l’Europe”… la Cité Frugès est un lieu exceptionnel dont l’histoire s’écrit constamment.

Histoire d’une inscription

“Qu’est-ce que le patrimoine mondial ? Sur quels fondements et avec quelles méthodes a-t-on entrepris de le définir ? Même s’il est aujourd’hui connu du plus grand nombre, il est nécessaire d’en donner ici un aperçu, avant de situer la démarche concernant l’œuvre de Le Corbusier. Le principe de base de « la convention du patrimoine mondial » [1], adoptée en 1972 lors de la conférence générale de l’Unesco, est que les États qui ont ratifié la convention s’engagent vis-à-vis de la communauté internationale à conserver au nom de toute l’humanité les biens situés sur leur territoire qui sont l’objet d’une reconnaissance internationale, sanctionnée par l’inscription sur une liste. La Liste du patrimoine mondial est établie par le Comité du patrimoine mondial, émanation élue des États signataires, en fonction des propositions de ceux-ci, à condition que les biens aient une valeur universelle exceptionnelle.”

Olivier Poisson, Conservateur général du patrimoine honoraire.

C’est en 2009 que plusieurs sites réalisés par Le Corbusier soumettent un premier dossier de candidature d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Cette première tentative n’aboutit finalement pas. Composée de 22 biens, l’inscription en série fut refusée par le Comité. A leurs yeux, chaque bien de la liste devait avoir une Valeur Universelle Exceptionnelle qui lui était propre, celle-ci ne devait pas seulement résider dans le rassemblement de tous les sites. Une réticence fût émise également concernant l’omniprésence de l’Homme qu’était Le Corbusier. Le patrimoine mondial ne souhaite pas promouvoir/valoriser un Homme mais bien ses créations, or le caractère récent de ses réalisations rendait impossible l’effacement de l’auteur.

Dans l’optique d’une deuxième tentative, l’Association des Sites de Le Corbusier voit le jour en 2010 afin de permettre la coordination des différents acteurs locaux travaillant tous ensemble pour valoriser, promouvoir et protéger le patrimoine corbuséen. La série se réduit et elle passe de 22 sites à seulement 17. Afin d’expliquer les raisons de cette candidature, des conversations avec une déléguée de l’ICOMOS (Conseil International des Monuments et des Sites) eurent lieu à partir de 2012. Les arguments pour soutenir cette inscription étaient premièrement pour faire un réel écho au travail de Le Corbusier, premier architecte de l’histoire humaine à avoir construit dans le monde entier. L’échelle du projet était également en rapport avec la notion même de Mouvement Moderne dont l’architecte, bien qu’il n’en fût pas le seul protagoniste, était un des représentants et théoriciens les plus éminents. Ces échanges portèrent leurs fruits et, lors de sa présentation en janvier 2015, la candidature fût acceptée. 

L’inscription

L’inscription définitive sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO se fera en juillet 2016. L’Œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au Mouvement Moderne est un Bien sériel comportant dix-sept éléments constitutifs répartis dans sept pays sur trois continents. Témoignage de l’histoire du Mouvement Moderne sur un demi-siècle, la série reflète une rupture radicale avec les styles, les méthodes de conceptions, les technologies et les pratiques de chantier des siècles précédents. Ces œuvres attestent de l’internationalisation de la pratique architecturale à l’échelle de la planète.

Le Bien l’Œuvre architecturale de Le Corbusier inscrit sur la Liste du patrimoine mondial correspond à trois des dix critères de sélection de l’organisation :

Critère (i) : représenter un chef d’œuvre du génie créateur humain

Critère (ii) : témoigner d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages

Critère (vi) : être directement ou matériellement associé à des évènements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle.

Les autres sites

L’Œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au Mouvement Moderne est un Bien sériel. Voici la liste des dix-sept sites composant la série inscrite sur la Liste du patrimoine mondial :

• Maison La Roche et Jeanneret, 1923 à Paris (France)
• Petite villa au bord du lac Léman, 1923 à Corseaux (Suisse)
• Cité Frugès, 1924 à Pessac (France)
• Maison Guiette, 1926 à Antwerpen (Belgique)
• Maisons de Weißenhof-Siedlung, 1927 à Stuttgart (Allemagne)
• Villa Savoye et loge du jardinier, 1928 à Poissy (France)
• Immeuble Clarté, 1930 à Genève (Suisse)
• Immeuble locatif à la Porte Molitor, 1931 à Boulogne-Billancourt (France)
• Unité d’habitation, 1945 à Marseille (France)
• Manufacture à Saint-Dié, 1946 à Saint-Dié (France)
• Maison du Docteur Curutchet, 1949 à La Plata (Argentine)
• Chapelle Notre-Dame-du-Haut, 1950 à Ronchamp (France)
• Cabanon de Le Corbusier, 1951 à Roquebrune-Cap-Martin (France)
• Complexe du Capitole, 1952 à Chandigarh (Inde)
• Couvent Saint-Marie-de-la-Tourette, 1953 à Eveux (France)
• Musée National des Beaux-Arts de l’Occident, 1955 à Tokyo (Japon)
• Maison de la Culture de Firminy, 1953-1965 à Firminy (France)

Testez votre connaissance sur le patrimoine mondial avec l’association des biens français du patrimoine mondial !

Le Corbusier, tout au long de sa vie, a fait de nombreux voyages afin d’apprendre de nouvelles techniques, de perfectionner son savoir-faire et de s’inspirer des éléments architecturaux et urbains des pays visités. Protagoniste du Mouvement Moderne, il a introduit de nouvelles idées dans l’architecture européenne et son influence est internationale. 

C’est pour découvrir la richesse de son travail qu’en 2019, Destinations Le Corbusier : Promenades architecturales est certifié “Itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe”. Géré et coordonné par l’Association des Sites Le Corbusier, l’itinéraire comprend 21 villes dans 6 pays différents afin de découvrir 24 sites architecturaux construits par Le Corbusier. Destinée à tout public, la route structure et développe les échanges culturels et touristiques entre les sites corbuséens.

Sources : Destinations Le Corbusier : Promenades architecturales – Itinéraires culturels (coe.int)